Très saint,
J'ai pêché, terriblement pêché.
Par l'orgueil sacrilège et insensible,
D'un sort injuste, j'ai cru pouvoir me dispenser,
D'une faiblesse attenante à ma condition inaliénable.
Mon ego est lacéré de la plus profonde des offenses
Non celle d'être mis à merci, de conclure sa propre vie
Mais à mon grand désespoir quelque chose de bien pis
Celle d'un ami ne pouvoir prendre la défense.
Si j'ai cru pouvoir mener ma quête à bien,
Il est calcul que je n'ai pu faire,
Celui de voir autre que moi jouer du sort qui fût mien,
Le plus cher désir de mon âme impure,
Est désormais de racheter ma bévue,
L’impuissance, qui d’une manière imprévu
S’éprit de mon corps tout entier mirant de ces blessures.
Qui plus que la lame glacée pénétrant la peau,
Déchira ma conscience, m’arrachant l’idée,
Qu’en ce jour je devais libérer l’étau
Qui depuis ce temps torture ma pensée
Ainsi la seule consolation pour moi,
Est de ne point quémander pour soi,
Mais bien pour l’être cher en amitié
Dont l’existence devient tributaire,
Du bon vouloir d’un horrible impie,
Qui plaça la foi au dessus divinité,
Méprisant la mort que lui avait donné la vie.
Je dois donner alors toute substance de ma foi
Afin d’un mort horrible sauver cet homme,
Telle à son cœur sa foi est obscure,
Pareil à son âme, son geste est généreux,
Hérésiarque de parole, mais fidèle de conscience.
Sa vie, celle du fidèle en devenir,
Onde infime, parmi l’océan des consciences
Légataire impie d’une foi sans faille
Son existence m’est devenu mission de piété
Ô grand créateur, accepte les excuses,
Le pauvre fidèle infatué, accablé,
S’il s’aperçoit d’une foi erronée,
Odes qu’il profère, chant qu’il entonne
Le pardon qu’il célèbre chaque instant,
Aura-t-il le droit de le recevoir de son dieu.
Honte qu’il a, au point de n’oser prononcer,
Le nom Béni qui fût le sien au sein des cieux,
Du mystère mystique qu’il fût tenter d’éclairer
Dont la foi doit préserver l’obscurité
Si au travers des siècles elle veut persister.
Dieu est ma force